Nous sommes champions du monde… des châteaux. Partout, du nord au sud, de l’est à l’ouest, notre territoire est jalonné par ces gardiens de la mémoire nationale, témoins silencieux de notre passé. Si 11 000 d’entre eux sont classés aux monuments historiques, on en dénombrerait au total près de 45 000 dans un pays qui compte 36 000 communes. Médiévaux, Renaissance, néogothiques, Grand Siècle… Styles et époques cohabitent, dans des états de conservation divers. Certains sont encore habités par les familles d’origine, d’autres ont été rachetés et restaurés par des passionnés ou sont devenus propriété de l’État ou de communes. Dans tous les cas, leur cote de popularité est au zénith, comme le montre la (sur)fréquentation de certains d’entre eux, que l’on vient visiter du monde entier. Mais l’offre est suffisamment riche pour éviter de se retrouver au beau milieu de la cohue estivale à Chenonceau, Versailles ou Vaux-le-Vicomte. Suivez le guide !
Sa silhouette élancée domine le lac d’Annecy et ses terrasses offrent une vue imprenable sur la chaîne des Aravis. Le château de Menthon tient son charme d'un assemblage hétéroclite d’éléments architecturaux d’époques diverses, du XIIIe au XIXe siècle. Sa visite révèle une étonnante cuisine médiévale aux boiseries sombres éclairées par un puits de lumière zénithale. Détail cocasse, la salle à manger étant à l’autre bout du bâtiment, un tunnel a été creusé pour passer les plats sur des petits wagons. La bibliothèque de 12 000 volumes, comptant des incunables et une des rares éditions complètes de l’encyclopédie de Diderot, est l’autre joyau de ce lieu chargé d’Histoire.
Cette splendeur médiévale a bien failli disparaître à tout jamais. Le lac qui clapote aux pieds de ses remparts n’a rien de naturel : il s’agit de la retenue d’eau du barrage de Bort-les-Orgues (Corrèze) qui, au moment de sa construction, a provoqué l’expropriation des propriétaires. Le parc a été immergé et seule une montée des eaux moins haute que prévu a épargné la bâtisse de l'engloutissement. Racheté à EDF par la mairie de la commune, le château de Val met désormais son décor idyllique au service de manifestations culturelles : festival de musique en été, salon du vin en octobre, expositions…
Celui-ci se visite comme on lit un livre d’Histoire. La forteresse bâtie aux alentours de l’an mil sert de refuge aux cathares poursuivis par l’Église catholique au XIIIe siècle. Après la condamnation de son seigneur par l’Inquisition, elle est détruite. Construit sur le même emplacement, le château de Fénelon se retrouve au cœur de la guerre de Cent Ans, au cours de laquelle il devient anglais avant que les troupes du duc d’Anjou ne le reprennent, en 1375. Théâtre de terribles batailles pendant les guerres de Religion, ce bastion du catholicisme verra naître l'écrivain-théologien précurseur des Lumières Fénelon en 1651. En ruines et à l’abandon, il a été sauvé par une famille de passionnés dans les années 1990.
Si l’histoire des Templiers vous fascine, direction le plateau du Larzac, à la frontière de l’Aveyron et de l’Hérault, pour découvrir la commanderie de La Couvertoirade, seule construction réalisée sur le sol français par ces moines soldats à l’origine de bien des fantasmes. Ce colosse minéral du XIIIe siècle abrite, dans l’imposante salle voûtée du donjon, un petit musée consacré à l’ordre du Temple. Découvertes dans le village qui s’étend au pied de la forteresse, des stèles discoïdales qui faisaient office de pierres tombales au Moyen Âge ont été réunies sur le site.
lechateaudelacouvertoirade.com
Moins connu que son voisin le château de Chantilly (Oise), Écouen abrite, derrière son élégante façade de pierres de taille bordée de jardins à la française, le musée national de la Renaissance et ses collections d’une incroyable richesse : peintures, sculptures, tapisseries, mobilier, céramiques, émaux, orfèvrerie… On peut y contempler quelques curiosités historiques, comme les étriers de François Ier ainsi que l’une des toutes premières copies de La Cène, réalisée au XVIe siècle par Marco d’Oggiono, l’un des élèves de Léonard de Vinci. Un témoignage de l’intérêt que l’entourage du roi portait à l’art italien. Le maître des lieux n’était autre que le connétable Anne de Montmorency, conseiller de François Ier et de son successeur Henri II.
Plus qu’un château, une demeure d’écrivain. Saint-Point était en effet la propriété d’Alphonse de Lamartine, figure de proue du mouvement romantique et homme politique de premier plan. Sous l’influence de son épouse anglaise Mary-Ann Birch, artiste de talent, la décoration est entièrement repensée dans le style néogothique, très en vogue au mitan du XIXe siècle. Certains décors ont été conçus par elle, tandis que le jardin – romantique, comme il se doit - a fleuri dans l’imagination de son mari. La visite permet notamment de découvrir la chambre et le cabinet de travail du poète-politicien, conservés tels qu'ils l'étaient à l'époque.
Surnommé "le petit Carcassonne", le château d’Ainay-le-Vieil, mélange d’architecture de la Renaissance et du Moyen Âge, semble tout droit sorti d’un conte de fées. Des remparts intacts, des douves remplies d’eau… Cette forteresse qui a traversé les siècles sans en subir les outrages appartient à la même famille, les Bigny, depuis 1467 ! La saison estivale est une période d’intense activité : animations pour les enfants, musée des arts et traditions populaires, restaurant et chambres d’hôtes, concerts, spectacles, dégustations… La déambulation sur les remparts et la visite d’un parc paysager en tous points idyllique suffisent néanmoins à plonger le visiteur dans une parenthèse hors du temps.
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2024-07-30T16:15:22Z